Comment booster ses ventes
avec un concept infaillible

Contraint de s’adapter d’urgence à une nouvelle réglementation autour du bonus-malus environnemental, le constructeur et son agence .V. ont développé une com bâtie sur un argument implacable : du neuf au prix de l’occasion.


1 Objectif
Redynamiser les ventes

Le marché automobile français a changé le 5 décembre 2007. Une date presque aussi historique que le 14 Juillet pour les constructeurs qui, ce jour-là, se sont vu imposer le système du bonus-malus environnemental. En ajoutant une taxe supplémentaire aux voitures particulières émettant plus de 120 grammes de CO2 par kilomètre, le gouvernement a en effet pris la plupart des acteurs du marché par surprise. « Il y a ceux qui avaient anticipé et ceux qui ont dû s’adapter », se souvient Alban Callet, directeur général adjoint de l’agence .V., chargée du budget Volkswagen. Or la marque allemande était plutôt dans la seconde catégorie. Alors que les nouvelles règles tiraient le marché vers les petites voitures peu consommatrices, VW n’avait à proposer qu’une Polo en fin de carrière à un prix nettement plus élevé que ceux de la concurrence. « Le segment est dominé par les marques françaises qui sont traditionnellement puissantes sur les petites voitures, avec 50 % du marché. » La situation est donc grave. Dès le 6 décembre, les ventes chutent, la marque étant considérée comme plus chère que les autres, ce qui, avec les nouvelles règles, devient rédhibitoire. Volkswagen doit d’urgence tout faire pour remonter les ventes et remettre la Polo dans le marché. Pour y parvenir, elle allait devoir agir sur tous les leviers : la cible, qu’il fallait élargir au-delà du coeur de
femme plutôt CSP + ; le produit, sous la forme d’une série limitée baptisée « Concept » ; le prix, qui devait passer sous les 10 000 € (contre 14 000 € auparavant) et, bien sûr, la communication.

2 Moyen
Vendre du neuf au prix de l’occasion

Sur ce dernier point, l’agence dirigée par Christian Vince était confrontée à un problème inédit. « Lorsqu’on fait une offre trop alléchante sur la marque Volkswagen, le public n’y croit pas. Les études montrent qu’une majorité de consommateurs est persuadée qu’on lui cache quelque chose », analyse Alban Callet. Pour contourner l’obstacle, la seule solution créative était d’anticiper cette méfiance, tout en jouant sur l’humour. D’où une campagne utilisant tous les canaux, mais s’articulant autour du
concept du neuf au prix de l’occasion. Le film met ainsi en scène une jeune femme dans une concession persuadée que la Polo Concept dans laquelle elle est assise est une occasion et qu’il faut se précipiter pour la prendre avant qu’un autre client ne se décide. Le ressort est décliné en radio et en presse avec des créations ressemblant à des petites annonces d’occasion. Un thème également utilisé en affichage et en hors-médias dont le réseau s’est également emparé dans sa propre communication. Les concessionnaires ont en effet, à cette occasion, thématisé leur traditionnelle opération de trafic sur le thème du « Neuf au prix de l’occasion ». « Quand le réseau joue le jeu, c’est que l’action marche », souligne A. Callet.

3 Résultat
86 % de conquête

En effet, ça marche. Comme c’est rarement arrivé. Alors qu’en janvier 2008, il se vendait, en moyenne en France, 42 Polo par jour, ce chiffre est passé à 314 (dont 212 Concept) durant l’opération, avec une pointe à plus de 300 voitures à la veille de la clôture de l’offre, fin février. Au total, quelque 9 646 Polo se sont vendues au mois de février 2008, alors que durant la même période un an plus tôt seulement 1 688 Polo avaient été écoulées. Face à ce succès, la filiale française avait d’ailleurs dû s’adresser à ses consoeurs européennes pour répondre à la demande et éviter la rupture de stock. Plus important encore, 86% des acheteurs n’avaient pas de Volkswagen auparavant, une conquête dont le constructeur peut espérer qu’elle se transforme en fidélité. Preuve de l’efficacité de la campagne et de l’offre, 30 % des clients n’avaient pas du tout l’intention d’acheter une voiture avant d’être exposés à la campagne. Une campagne dont le thème était juste, la moitié des acquéreurs ayant envisagé l’achat d’une voiture d’occasion. Logique car 64 % des acheteurs ont pris connaissance de cette opération par la pub alors que, selon l’étude NCBS, la moyenne est de 13 %. Comme prévu dans le plan de com, la cible a également changé, l’âge moyen des acheteurs de Polo étant passé, durant cette période, de 44 à 37 ans. Un retournement de situation qui fait que le concept du « Concept » pourrait maintenant s’étendre à d’autres modèles de la marque. Avec l’espoir que les résultats soient aussi bons.

Frédéric Roy - CB News - www.cbnews.fr