Nespresso
Comment parler café sans faire
du réchauffé

Suite à deux campagnes plébiscitées par le grand public, Nespresso devait surpasser ses précédents résultats d’image et de business. Un pari réussi grâce au marketing participatif.

OBJECTIF
Renouveler l’intérêt des consommateurs

Après deux opus publicitaires réussis signés de l’agence McCann Paris, le challenge de la surprise était de taille. Clairement positionnée premium dans l’esprit des consommateurs et associée à George Clooney en tant que fairevaloir de la marque, Nespresso n’avait comme challenger qu’elle-même. Avec en atouts principaux une base de membres du Club et un programme relationnel solides.

En 2008, le deuxième spot de la saga avait remporté la palme du Palmarès de la Publicité, orchestré tous les ans par Ipsos, en tant que « publicité préférée des Français ». Ne pas lasser les consommateurs déjà membres qui, par leur pouvoir de prescription, amènent de nouvelles personnes, et poursuivre le recrutement clients. Tels étaient les leitmotivs exposés par Guillaume Le Cunff, directeur marketing international de Nespresso.

Mais aussi faire croître le parc de machines à café, sur lequel repose le modèle économique de la marque. Avec, en fil rouge, le fait que les gens n’en achètent qu’une fois, et qu’en septembre 2008 le taux d’équipement en systèmes portionnés en France atteignait déjà presque 40 %. Ce qui, mécaniquement, faisait descendre les intentionsd’achat de 10,1 % sur le même mois en 2007, à 8,8 % (source : TNS Sofres, 2008). Donc, un ralentissement prévisible de la catégorie qui inquiétait la marque quant à l’accroissement de la base du Club Members.

La vocation première de la communication de Nespresso est l’équipement, confirme Jérôme Guilbert, Dg de McCann Paris. Et son efficacité doit être jugée sur le recrutement qu’il génère. En somme, un cercle vertueux qui s’alimente de ses propres évolutions. La marque était aussi confrontée à une rivalité accrue sur la catégorie, avec l’arrivée de deux nouveaux concurrents en plus de Philips avec Senseo : Dolce Gusto (Nescafé) et Modo Mio (Lavazza), dotée d’un positionnement proche de celui de Nespresso, entre sa logique de spécialiste du café et la qualité haut de gamme du produit. Pour Nespresso, il s’agissait aussi de justifier son positionnement prix, plus élevé que ceux de la concurrence , explique J. Guilbert.

MOYENS
14,8 M€ d’investissements médias

Pour ne pas décevoir, Nespresso a tout misé sur l’adhésion des consommateurs aux contenus de la campagne par le biais d’une mécanique de communication toujours plus sophistiquée. En effet, l’agence a, pour l’occasion, créé cinq films où le consommateur prend le pouvoir sur George Clooney grâce à la marque, et reste mobilisé autour de la campagne grâce à un séquençage intelligent des prises de parole sur trois mois – d’octobre à décembre, la meilleure période pour le marché des systèmes portionnés, avec des achats fréquents de cadeaux de Noël.

Il fallait isoler les éléments structurels du succès, pour mieux les utiliser dans la campagne : le rituel de consommation induit par le format capsule, l’antihéros George Clooney comme faire valoir du produit premium, et l’espace de vente comme réseau de distribution exclusif induisant une notion de rareté, donc de luxe , résume J. Guilbert. Sans oublier le plan fétiche de l’agence et de l’annonceur : la goutte de café qui retombe sur un lit de crème. Le tout sans prétest ni posttest publicitaires, car ce n’est pas en demandant aux consommateurs comment les surprendre qu’on y arrive , ironise G. Le Cunff.

Pour ce faire, c’est la marque qui a imposé son agenda au grand public en installant un dispositif conversationnel permanent avec lui, pour un investissement média de 14,8 M€ sur la période du 1er octobre au 31 décembre 2008 – qui représente la plus grande partie des dépenses médias de l’année, avec celle de la fête des Mères , appuie G. Le Cunff. Réparti entre la TV et le cinéma (48 %), la presse (26 %), l’affichage (16 %), le Net (9 %) et l’e-mailing (1 %).

En phase 1, sur octobre, Nespresso invitait par mail exclusivement ses membres du Club à choisir entre deux films celui qui serait diffusé en TV du 12 novembre au 16 décembre 2008. En phase 2, sur novembre, par le biais d’un deuxième e-mailing aux Club Members, mais aussi au grand public sur le Net, la marque proposait de choisir la fin du film parmi trois possibilités, qui serait ensuite mise à l’antenne à partir de la midécembre (un volet TV teasing donnait rendez-vous au public le 21 décembre, au même moment que pour la révélation).

Enfin, en phase 3, sur décembre, Nespresso a fait la part belle aux téléspectateurs en les appelant au vote via un site dédié (nespresso-whatelse.com). La compilation de tous ces avis élisant la copie « photo » dans laquelle le VRP de luxe de Nespresso devient presse-bouton l’espace d’un instant pour satisfaire un couple qui veut se faire photographier dans la boutique de la marque.

RÉSULTATS
+ 7 points de notoriété spontanée et + 8 % de membres en trois mois

La participation du public a été décisive et plus que positive. En effet, sur les phases 2 et 3, plus de 525 000 internautes ont visité le site, et 44 % d’entre eux ont exprimé une préférence entre les cinq films, grâce à la mécanique de vote on line (source : Xiti). Mieux, ils ont interagi en moyenne 4’ 30 avec les différents films, et 145 000 personnes ont parrainé leurs proches pour qu’ils le découvrent à leur tour. Partant du fait qu’un nouveau membre sur deux vient du parrainage d’un autre, les scores ont été impressionnants , sourit J. Guilbert.

L’attention et l’adhésion étant au rendez-vous, il ne manquait plus que la campagne génère de bons scores de souvenir publicitaire. Et c’est le cas puisque 79 % des consommateurs se souviennent avoir vu une pub TV pour Nespresso. En plus, 38 % d’entre eux sont capables de se rappeler au moins un item spécifique de la campagne, soit + 8 points vs l’épisode 2 en 2007 et deux fois plus que le standard Ipsos.

Fait marquant, pour la première fois un même annonceur est classé deux années consécutives sur le podium par l’institut dans son palmarès annuel, à la fois pour la TV et l’affichage. Nespresso descend tout de même de la premièreà la deuxième place du classement TV, derrière la campagne de la Française des Jeux pour le Loto (ag. BETC Euro RSCG), mais gagne une place sur l’affichage en montant sur la deuxième marche. Un nouveau pallier a été franchi en termes de proéminence à l’esprit et de considération, se targue G. Le Cunff.

En effet, en notoriété spontanée, Nespresso gagne 7 points sur la même période vs 2007, et 4 points en top of mind. Tous les items d’image ont progressé. Les consommateurs perçoivent Nespresso comme une marque prestigieuse, innovante, premium et exclusive pour l’élite, qui inspire la confiance, et qu’ils recommanderaient à leurs amis…

Au global, Nespresso obtient un score de 7,4/8, devant Senseo (7,1) et Tassimo (7). Sur l’item « premiumness », Nespresso décroche 7,5, contre 6,5 pour Senseo et 6,9 pour Tassimo. En ce qui concerne la supériorité du café, Nespresso acquiert un 7,3/8, Senseo (6,5) et Tassimo (6,6) derrière. La différenciation fait également honneur à Nespresso (6,5), sans pour autant exploser les scores de Senseo (6,2) et de Tassimo (6,3).

Enfin, l’accroissement de la base Club Members a, lui aussi, battu des records. Sur trois mois, la marque a vu son programme relationnel grossir ses rangs de 8 % en décembre 2008, et au 1er janvier 2009, la base active Nespresso affichait une croissance de 25 % vs la même période l’an dernier (source : Cognos). Nous sentons tout de même un effet crise, mais nous continuons à grossir, et notre chiffre d’affaires poursuit une croissance d’environ 30 % par an , conclut G. Le Cunff. Merci qui ? Merci George !

Virginie Baucomont - CB News - www.cbnews.fr