Comment décrocher
la queue du Mickey

En axant la communication du parc Disney sur le rêve et en ciblant sur la population locale, BETC Euro RSCG et son client ont réussi à relancer la fréquentation du parc, en panne depuis quatre ans.


1 Objectif
Exploser le score de fréquentation du parc

« Crever le plafond » ! Tel était l’objectif assigné par Disneyland Resort Paris à son agence de publicité l’année dernière, en l’occurrence Euro RSCG BETC. « C’était un plafond de béton, et non un plafond de verre », souligne Marianne Hurstel,  directrice stratégie du département consulting de l’agence, pour bien marquer la difficulté de l’entreprise. Malgré les efforts intenses et continus du groupe à investir dans les attractions, allant même jusqu’à l’ouverture d’un second site à côté de l’infrastructure originelle, la fréquentation du parc ne dépassait en effet que difficilement la barrière des 12,5 millions de visiteurs par an, et ce au bout de quatorze années d’existence. En fait, seule l’année 2002, celle, justement, du lancement du second parc Walt Disney Studios, a permis d’atteindre les 13,1 millions de clients. Mais c’était 17 millions de personnes qui étaient attendues par l’investisseur… Il faut dire que la filiale française souffrait d’un faible taux de transformation : si 92 % des familles ciblées par le parc envisageaient d’y venir, seulement 31 % d’entre elles sautaient le pas.
Pour François Banon, le vice-président de Disneyland Resort Paris, la problématique à traiter faisait partie d’« un sujet beaucoup plus vaste, celui de l’acceptation culturelle du parc ». Une acceptation difficile, comme l’explique Marianne Hurstel, puisque, « en France, tout le monde aime les personnages Disney, mais beaucoup détestent le parc, alors qu’aux États-Unis, aller dans un parc fait partie intégrante de la culture des enfants ». Cette réticence s’illustrait dans les résultats d’image de Disneyland Resort Paris, classé derrière le Parc Astérix pour les Franciliens, et derrière le Futuroscope pour les provinciaux. Et se concrétisait dans le fait que « le parc ne figure pas dans la shopping list des Franciliens », poursuit François Banon. Et ce en raison du prix du ticket d’entrée et de l’impression, pour les familles avec enfants âgés de 5 à 7 ans, que le parc n’était pas adapté à leur profil.

2 Moyen
Jouer la carte de l’émotion

Le travail s’est donc, en premier lieu, porté sur le changement d’appréciation du parc. D’une part, « les Français aiment partager avec leurs enfants les loisirs utiles, jugés structurants. D’où une première approche stratégique consistant à mettre en avant la capacité à croire en ses rêves », analyse la directrice de BETC. D’autre part, il a fallu aller dans une représentation plus émotionnelle, « en montrant au public que Disneyland Resort Paris était français », souligne-t-elle. Aussi, l’agence a-telle mis en place une nouvelle signature, « Croire plus fort en ses rêves », dans une campagne d’image en télévision, affichage et radio. « Il fallait faire jouer des enfants français, avec une attitude plus authentique, plus naturelle, plus spontanée, précise Marianne Hurstel, de manière à établir une proximité avec le public. »
Pour son client, il fallait « être proche des émotions ». Cela passe par le recours à des visuels exprimant des moments vécus dans le parc. Ce que François Banon traduit par « arrêter de parler de nous pour parler de ce que l’on apporte aux visiteurs » et « reconnecter la marque avec son ADN, c’est-à-dire avec Walt Disney, celui qui a mis en scène les rêves ».
La nouvelle communication a également pris le parti de travailler sur la proximité géographique, en ciblant la population habitant dans un périmètre de 100 km autour du parc. Pour ce faire, il s’agissait de s’immiscer dans le quotidien des habitants du bassin parisien et de bâtir une offre convaincante. D’où le choix, parallèlement aux plans nationaux traditionnels, d’une communication plurimédia, très importante par exemple dans les transports, particulièrement dans le métro, mais également dans la presse, en radio et sur Internet. Ainsi, un site dédié aux Franciliens a-t-il été créé, jouant sur le côté pratique et bon plan.

3 Résultat
+ 560 000 visiteurs en un an

Globalement, la stratégie adoptée s’est avérée gagnante : Disneyland Resort Paris a renoué avec la croissance pour la première fois depuis quatre ans, avec 12,8 millions de visiteurs sur douze mois. L’embellie s’est traduite sur plusieurs plans, à commencer par l’impact publicitaire. Tous les indicateurs de reconnaissance et d’attribution sont passés au vert avec, en conséquence, un fort taux d’agrément qui « permet de créer un lien fort et pérenne avec la cible », selon l’agence. Une amélioration qui a aussi pu se mesurer sur la Toile, le site ayant enregistré des records de visites (+ 46 %) et d’achat (+ 280 % de billets vendus). Et qui s’est concrétisée au niveau de l’activité, le parc ayant attiré 560 000 visiteurs supplémentaires d’octobre 2005 à octobre 2006. Dont la moitié de Franciliens (vs 22 % en temps normal), démontrant que la com spécifique à la région a bien fonctionné. Preuve que le client et son agence ont été satisfaits de leur nouveau concept stratégique, ils l’ont reconduit pour les campagnes suivantes. Pour M. Hurstel, cette réussite s’appuie sur « une bonne réappropriation par un pays de toute une culture importée ».

Didier Si Ammour - CB News - www.cbnews.fr